Cascade de glace du Boréon
Dimanche pluvieux, grimpeur heureux
Et pour cause ! La tour de glace du Boréon (alt. 1500m) est formée depuis quelques jours, l’isotherme 0° est prévu autour de 1300 (limite pluie-neige sensiblement comparable). Il devrait neiger toute la journée :-))
Comme prévu, réveil sous la pluie : ça se présente bien, malgré quelques désistement matinaux. Rendez-vous avec Edouard (aussi précis qu’une horloge suisse – en pointe toujours!) pour covoiturer presque sereinement. Il annonce que sa voiture est allergique aux chaînes et aux chaussettes… On se prépare mentalement à marcher plus qu’à brocher. Sitôt les premiers flocons, la voiture est gentillement congédiée, on continue à pattes pour rapidement doubler des automobilistes en détresse au milieu de la route : on reconnaît inextremis des ASSAsiens (FX, Louka…) qui usent de toutes les ruses pour faire chausser des chaînes récalcitrantes à leur monture. Ils nous monteront finalement jusqu’en haut.
>Presque tout le monde est déjà dans les starting block, on est une bonne dizaine, le guide est très sympathique et passé les quelques consignes de sécurité (A Muerte!!!!) et quelques conseils techniques (je retiens l’utilisation autant que possible des carres externes – les fameuses lolottes), les chevaux sont lâchés! (à moins que ce soit lachés? désolé mon correcteur orthographique n’est pas à jour). A partir de là, je crois que tout le monde a pris du plaisir à découvrir ce nouveau support vivant qu’est l’eau – pour se hisser toujours plus haut. La progression en moulinette (en toute sécurité) apporte un confort psychologique indéniable pour appréhender cette activité. Il faut un temps d’adaptation pour « sentir » la glace et l’accroche incroyable des crampons et des piolets sur ce support. Toutes les inclinaisons sont présentes et surtout, à ma grande surprise, la glace est d’excellente qualité sur les 3/4 de la hauteur, on peut apprendre à brocher comme dans du beurre, les plantages de lames sont plutôt sûrs (bien entendu ce n’est jamais du 100% – d’où l’intérêt d’être encordé…). Rempli d’ardeur, Alban fait rapidement connaissance avec un glaçon aussi fougueux que lui… un joli sparadrap sur le nez en gage de croix du combattant.
Et puis il y a Philippe. Drôle de personnage dans son plus simple apparat (une petite doudoune des villes et un jean), le tout protéger par un magnifique parapluie (en l’occurrence un paraneige – il fallait l’inventer). Pour ma part du jamais vu à la montagne (et qu’on ne me surprenne plus sous cet engin). Philippe a tout de même pris soin d’acheter une petite paire de gants (comble de la lucidité). Pourtant, ce militant anti-sport (au potentiel grimpesque formidable compte tenu de son programme d’entraînement) va faire des étincelles avec ses lames et ses crampons, tous les itinéraires vont y passer, y compris l’itinéraire de dry tooling (escalade sur support fixe avec les piolets et les crampons). D’autres suivront avec une facilité déconcertante ou l’inverse selon le cas.
Pour permettre à la structure de glace de se former cette année, il faut faire mention du travail acharné du guide sur place. A coup de canon à neige, de lance à incendie, le guide se lève en plein nuit depuis plusieurs jours pour que cette oeuvre prenne forme. Les aspergeurs au sommet de la tour ne permettent pas de tout former correctement – en particulier le dévers n’en dispose pas. En sachant que tout ce travail peut fondre comme glace au soleil en quelques heures, chapeau bas l’artiste. En attendant, les conditions météo devraient continuer d’être favorables, alors surtout… profitez-en !