ASSAssin’s Creed 06 : Code Source
Journal du grimpeur, samedi 31 octobre 2015. Saint-Jeannet.
Wouh ba-Baou ba-Baou ba-Baou chantait Chris Brown dans Last Night. N’y avait-il pas meilleur souvenir musical pour introduire cette sortie automnale au Baou de Saint-Jeannet ? Baou qui veut dire falaise en provençal, le baou en question mesurant à peu près 300 mètres et surplombant, comme son nom l’indique, la commune de Saint-Jeannet (on apprend sur Wikipédia, sérendipité oblige, que cette commune a servi de lieu de tournage pour « La Main au collet » d’Alfred Hitchcock). Sur le plan géologique on est encore sur de la roche calcaire, époque Jurassique mais qui chevauche de la roche Miocène plus jeune de plus de 100 millions d’années, une vraie curiosité tectonique (et pas tecktonik, voyons !).
Une météo plus que clémente attend les grimpeurs (Julien l’organisateur, Marie, Edwige, Nathalie, Emilie, Céline à la dernière minute et moi-même) sur le parking de Carrefour. Grand ciel bleu, vent discret à absent, soleil tiède de saison, un bon 22°C est prévu toute la journée. Pour l’occasion, la troupe est accompagnée d’une chienne Beagle de 11 ans, Cracotte, prête à en découdre avec les escarpements rocheux. La route est courte, tout comme le chemin d’approche, passant par le village ; Céline en profitera pour agresser physiquement une passante, confusion dans les référentiels galiléens. On accède rapidement à ce lieu emblématique de l’escalade française, ayant connu son premier essor dès les années 40 et recensant aujourd’hui 470 voies réparties sur 17 secteurs ! Le secteur en question cette fois-ci c’était la Source 3 qui, coutume oblige, recense des voies élégamment baptisées telles que « La branleuse », « Le long de la fente » ou encore « Les doigts dans le c** ». Amis de la poésie, bonjour !
Le site est particulièrement vaste, assez escarpé mais offrant pas mal de place en bas des voies pour s’étaler largement et permettre aux enfants / aux chiens d’observer les adultes grimper. La couverture végétale est suffisamment dense pour porter une ombre un peu fraîche en matinée et obstruer la vue mais en montant un peu il est possible de trouver des éclaircies végétales permettant de savourer la vue grandiose sur la mer.
Sur le spot, s’étend une magnifique arête rocheuse (l’inverse d’un dièdre en fait), une large fissure et des voies de difficulté très variable mais montant en grade par le copieux patinage des générations de grimpeurs passées par là. Les grimpeurs mêmes expérimentés se chauffent dans des 5/5+ tandis que Julien s’occupe d’ouvrir les voies pour un débutant pas très en forme mais content de pouvoir tester sa nouvelle corde couleur justaucorps rose de Céline. Le patinage n’aide pas vraiment, curieusement, sauf à rester en bas des voies ou à devoir s’accrocher honteusement à une dégaine pour passer le premier pas.
Pause déjeuner. Marie nous fait goûter son bon gâteau à la patate douce (Ipomoea batatas pour les botanistes). Je remarque que les autres sont moins gourmands que moi, l’expérience leur a probablement appris que tout ce qui est ingéré doit ensuite être amené en haut des voies, ce qui peut être handicapant quand on a investi dans un grand pan bagnat à 5€ de la boulangerie de l’Olivier, 1896 route de Grasse, très prisé par certains morfales membres bien connus de l’association. Cracotte se contentera des trognons de pomme (et d’un bout de sandwich volé au nez et à la barbe du photographe).
Petite forme aujourd’hui contrairement aux autres qui clipent et déclipent à tours de bras, ou plutôt de doigt, sans grande difficulté. Alors que Cracotte dort à patte fermée sur le tas de corde, son propriétaire sue sang et eau sur une voie ridicule. La leçon du jour c’est l’observation des prises, l’o-bser-va-tion des prises répéta Julien, plus à l’aise sur une 6a. Je resterai quand même sur une petite victoire avec une montée satisfaisante « Les doigts dans le nez » ! Petite journée cette fois-ci avec un premier départ à 15h30, préparatifs de soirée Halloween oblige, ou tout simplement assez de cailloux pour la journée. Il y a des jours avec, et des jours sans. Les autres continueront un petit peu avant de se faire rattraper par le crépuscule, ou se faire piquer à l’oreille par une bestiole.
Merci à Julien pour l’organisation de cette journée !