L’ASSA à l’assaut des gorges du Blavet !
Journal du grimpeur, samedi 10 octobre 2015. Roquebrune.
Encore une belle journée en perspective. La météo indique clairement un ciel dégagé et des températures au dessus des normes de saisons. Le cadre est également très prometteur : le massif de l’Estérel, les gorges du Blavet. De la ryolithe amarante, roche volcanique de l’ère primaire, noyée dans la verdure des pins, des chênes vert, des chênes liège et des arbousiers en pleine fructification. Un régal pour les yeux et bientôt pour les doigts.
L’escouade en baudrier se compose essentiellement d’autonomes rodés aux arts de la grimpe, Anthony, FX, Noémie, Olivier, Edwige et Céline, ainsi qu’un débutant bien content de pouvoir participer. Encore une fois, le chemin pour accéder aux voies est assez accidenté mais offre une vue plongeante sur toute la vallée ; c’est là qu’on est content d’avoir enfilé des chaussures de randonnée.
La troupe finit par s’installer au pied de voies aux reliefs racoleurs, une couleur ocre à faire pâmer un Paul Cézanne, riche en aspérités, cavités, fissures, rainettes et petites corniches. Le niveau va du 4 au 8 d’après le topo de ce spot. Les plus chevronnés ne se frotteront ce jour là qu’à du 6c et grand mal leur en prendra. Encore un peu fraîche à sa base à l’ombre des arbres, la paroi cuit déjà à son sommet sous les rayons d’un franc soleil d’octobre.
Les plus motivés commencent à passer en tête : une petite 4, une 5, une longue 6. Au final une petite dizaine de voies différentes seront ouvertes au court de la journée, offrant une palettes de difficulté à surmonter. La moulinette bat son plein dans un ballet d’ascension et de descentes, avec plus ou moins d’efficacité et d’élégance. Avant qu’Anthony ne chausse ses lunettes à prisme, adieu cervicalgie, j’ai même droit à un petit topo clipage. Il s’avère qu’il est beaucoup plus difficile qu’on ne croit de faire rentrer une corde dans une dégaine, avec une seule main et dans le bon sens s’il-vous-plaît. La fierté de monter pour la première fois en tête est bien présente.
Nous nous faisons bientôt rejoindre par Cécile et Andrew dont l’accent chantant d’outre-Manche invite inévitablement à la discussion rugby, puis, après la pause sandwich, par Marie et Emilie, deux jolies blondes accompagnées de Charlie, un magnifique chien croisé noir et feu. Des grimpeurs et grimpeuses athlétiques déjà bien expérimentés qui montent en tête et s’assurent de manière complètement autonome.
Les heures défilent et le soleil descend peu à peu sur la paroi orientée sud-sud-ouest. La température atteint facilement les trente degrés, conjoncture des rayons solaires et de l’albédo de la roche. Certains laisseront tomber le T-shirt dans une libération thermorégulatrice, FX se retiendra de sombrer dans cette exhibition. La sueur perle sur les fronts et les omoplates dénudées. La magnésie poudroie. Les gourdes se vident allègrement, risquant la pénurie. Ici on ne pense à rien d’autre qu’à grimper et se dépasser, on se donne des conseils et on s’encourage dans une allègre convivialité.
Pour clore la journée, le trio Anthony, FX et Noémie se lancent le petit défi de grimper une 6c assez courte mais à la fois très physique et technique. Il faut dans un premier temps enserrer un rocher à bras le corps, puis un mètre plus haut, engager quasi latéralement son corps dans une large fissure. Les grimpeurs s’y prendront à plusieurs fois avant de terrasser cette voie bien retorse. On sent la fierté d’en être arrivé finalement à bout. Une dernière petite voie pour la route puis chacun range son matériel.
Il est l’heure d’aller boire un petit rafraîchissement (ou un chocolat chaud ça dépend des goûts). Pinte de Météore blonde, bière blanche citronnée, mauresque anisé, Perrier menthe ou simple eau gazeuse, l’essentiel est de se retrouver, échanger sur la journée et évoquer la vie de l’association, son passé, son avenir.
Retour à Antibes. Encore une belle journée de grimpe. Merci aux organisateurs !
Crédits photo : Marie.