L’ASSA en sortie officielle au Sémaphore du Dramont !

Journal du grimpeur, dimanche 28 novembre. Le Dramont – Saint-Raphaël.

Une vingtaine de participants ! Cette deuxième sortie officielle de l’ASSA aura attiré du monde, autonomes comme débutants, encadrés par Lionel, notre moniteur préféré. L’habituel rendez-vous au Carrefour suivi d’un convoi sur la A8 et sur la belle route sinueuse longeant la mer (et les cyclistes du dimanche). La deuxième voiture reste les yeux rivés sur la camionnette des Geckos. Une destination enchanteresse : le cap du Dramont, appartenant à la commune de Saint-Raphaël, là où les roches rouille de l’Estérel plongent à pic dans l’azur de la Méditerranée. La météo est idéale, les nuages matinaux seront finalement chassés par un vent frais laissant poindre un soleil incroyablement tiède pour un mois de novembre. Les caduques sont encore verts, les arbouses mûrissent lentement ornant leur peau grenue d’un vermeil éclatant, les figuiers de barbarie croulent sous les fruits, les hirondelles voltigent et virent à angle serré en haut des voies ; la vie ne semble pas encore décidée à rentrer en hibernation, comme une longue paresse automnale.

 

Le site du Sémaphore, outre ses voies bien connues des grimpeurs, est fascinant pour plus d’une raison pour qui s’intéresse aux lieux. Ici, le grimpeur part à la rencontre d’un ancien volcan de l’ère primaire et agrippe des ryolithes crachées des entrailles de la Terre il y a plus de 250 millions d’années. Pour qui regarderait en l’air, il est aussi possible de contempler un des rares sémaphores encore en activité de la Côte d’Azur, propriété de la Marine National, perché à plus de 120 mètres d’altitude. Enfin, tous les grimpeurs auront pu apercevoir, lors de la marche d’approche, une petite tour carrée plantée sur un îlot assez proche de la côte, l’Île d’Or. Une simple recherche m’a permis de découvrir l’histoire aussi captivante qu’incongrue de cette petite île, que je ne peux m’empêcher de retranscrire ici (désolé pour cette petite digression culturelle)

 

« En 1897, l’État mit en vente aux enchères le rocher appelé l’île d’Or. Léon Sergent, architecte raphaëlois, en fit l’acquisition pour 280 francs. En 1905, au cours d’une partie de cartes arrosée, le rocher revint au médecin Auguste Lutaud qui entreprit au début du XXe siècle l’édification d’une tour sarrazine de 18 m de haut qui fut achevée en 1912. Satisfait du résultat, il s’autoproclama en 1913 Auguste Ier, roi de l’île d’Or et organisa une fête fastueuse. Des timbres et des pièces de monnaie furent créés figurant l’Île d’Or. En 1944, une partie du débarquement de Provence eut lieu face à l’île sur la plage du Dramont, et la tour alors inhabitée reçut un obus qui démolit une partie de l’intérieur. En 1961, l’île fut vendue à François Bureau, ancien officier de marine, qui rénova la tour et l’occupa jusqu’à son décès en 1994, lors d’un de ses traditionnels tours de l’île à la nage matinaux. L’île aurait été la principale source d’inspiration d’Hergé pour le décor de son album de Tintin L’ Île Noire qui en fit néanmoins une tour ronde avec des remparts. Quand on s’approche de l’île par la mer depuis l’est, à gauche de la tour, un rocher ressemblant à un gorille, rappelle également l’album d’Hergé. »

 

Revenons à nos mou(sque)tons. Stationnement sur le petit boulevard du Sémaphore qui descend vers le petit port du Poussaï. Récapitulatif des forces en présence devant la camionnette des Geckos. Notre magnifique Lionel ayant tout prévu, le nombre de cordes fut suffisant pour permettre à tous de grimper sans trop d’attente.

Notre nombre conséquent fit fuir quelques grimpeurs indépendants ou en famille qui semblaient nombreux à connaître ce magnifique site. Les voies restent accessibles pour les moins expérimentés avec de très bonnes mains et des pieds sûrs. A tel point que Jennifer, notre débutante la plus dégourdie, se fera des petites voies en tête comme si de rien n‘était. Tout comme cette femme d’un certain âge (pour ne pas dire une vieille mémé) dont l’habileté en grimpe en tête assez vexante semblait inversement proportionnel à son amabilité, assez vexante aussi (elle serait connue pour ça dans le coin). Son caniche également d’un certain âge, manteau sur le dos, rôdait d’ailleurs autours des voies pour y voler de la nourriture dans les sacs (espérons pour son espérance de vie qu’il ne tombe jamais sur une pissaladière…). Un sandwich de moins, un !

 

Le secteur Est est idéal pour des grimpeurs voulant avant tout se faire plaisir même si certaines très longues voies niveau 6+ permettent déjà de performer, comme la 6a+ Viol au dessus d’un nid de cocus dont la grotte bien visible sur la photo a tout de suite attiré David. Des voies de niveau 3 à 5 essentiellement avec de jolies prises, des rebords bienfaiteurs et une végétation relativement abondante, notamment des cactus à ne pas considérer comme des prises. Des petites voies de 15-20 m niveau 3 à 4 permettent de s’échauffer pour les plus frileux. Les voies de l’Avidité du Concierge (4c et contrepèterie très sale) et Bento (5b) très sympas aussi. Je retiens pour ma part une petite voie se terminant par un dièdre (les Rossignols du Caroubier niveau 5b, attention contrepèterie aussi), élément d’escalade toujours très ludique et physique dont est très fier de venir à bout, même en moulinette. Echec sur la 6a Jet Set Clafouti de 35 mètres, se terminant par un dévers fatal. La roche magmatique est agréable à prendre en main et offre sensation très différente des calcaires de Bonson ou de la Turbie.

Le grimpeur peut facilement s’arrêter et prendre le temps d’admirer la vue splendide sur l’horizon. Sans l’attente compréhensible de l’assureur, on aurait tout simplement envie de ne pas redescendre. Oublier le baudrier, oublier les cordes. Du bleu à perte de vue, celui de l’eau, celui du ciel, la douceur de l’air et de la roche. Rester là et contempler. Rejouer quelques minutes sur une corniche le promeneur solitaire d’un Caspar David Friedrich, les nuages en moins (quel dommage que ce peintre Allemand n’ai pas fréquenté la région). Laisser cette immensité frapper notre infimité dans un pur moment de pleine conscience bienfaitrice, la meilleure thérapie à tous ses soucis et un énième rappel du caractère à la fois physique, mental et libérateur de ce sport.

Les plus opiniâtres seront restés jusqu’au bout, permettant aux acharnés de terminer leur dernière voie de la journée quitte à devoir redescendre en frontale. Mais l’attente valait le coup d’œil et le coup de coude. En guise de récompense un magnifique coucher de soleil sur la Méditerranée et l’Île d’Or suivie d’une pause bulleuse au bistrot du coin à Agay. La tireuse de Grimbergen en aura pris un coup mais quelques irréductibles se contenteront d’un picon bière (il paraît que c’est la boisson de l’ASSA, j’essaierai la prochaine fois).

Un selfie pour la fin ! Merci à l’ASSA et à Lionel pour cette journée parfaite !

Crédits photos : Marion, David, moi.

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