On a testé pour vous : devenir public support pour le CREPS

On a testé pour vous : devenir public support pour le CREPS

Ou comment on a passé trois jours en grande voie dans les Calanques en tant que cobayes pour soutenir la formation des nouveaux moniteurs.

En avril, en plein troisième confinement, on a reçu une proposition qui faisait vraiment plaisir: le CREPS cherchait des volontaires pour devenir public-support pour la formation de ses moniteurs d’escalade en grande voie. Il s’agissait d’un stage d’initiation de trois jours dans les Calanques – et gratuit – que demande le peuple.

Ni une, ni deux, on s’est inscrits.

Nous (Nadège, Sylvain, Cyril et Caro) avons passé trois jours de stage dans les Calanques du 26 au 28 mai et comme c’était intense, on a décidé de vous faire un compte-rendu.

Jour 1 : L’Antécime, Calanque de Sormiou

On se retrouve à 8 heures du matin sur le parking de Sormiou, frais et dispo. La journée consiste à faire passer l’examen de deux moniteurs. 

Le principe est le suivant : chacun des moniteurs doit gérer à tour de rôle l’ensemble des 4 cobayes sous l’œil attentif de deux instructeurs.

Pour ce faire, les deux instructeurs partent en flèche avec l’un des apprenti moniteur pour observer l’autre moniteur se dépatouiller avec ses quatre cobayes.

A la moitié de la voie, ils inversent les rôles : l’apprenti moniteur qui était avec les cobayes prend la gestion de la cordée des instructeurs et l’autre s’occupe à nouveau des cobayes. 

Tout ça mis en vertical, ça fait un sacré paquet de nouille, donc pour résumer on a trois cordées :

– Un apprenti moniteur avec deux instructeurs

– Une cordée en flèche réversible avec l’autre apprenti moniteur, Cyril et Caro

– Une cordée en réversible avec Nadège et Sylvain.

Vous nous suivez ?

Bref, on commence la séance par une révision/apprentissage des manips en bas des voies.

On apprend plein de trucs nouveaux. On essaye de tout retenir et on part dans la voie.

A noter, les deux apprentis-moniteurs sont, ce jour-là, en examen : comme leur exercice consiste à enseigner les manips, si tu fais une erreur, ils ratent leur examen. Pas de pression…

La voie est superbe, à l’est du Bec de Sormiou, un calcaire blanc de blanc, une vue mer imprenable, des jolies longueurs faciles – et comble du confort deux relais à chaque longueur, sur des vires. 

On grimpe, on tricote, on ergote sur les manips du relais, on avance lentement mais on finit par sortir la voie tranquillement et on a passé une superbe journée. 

La fin de la voie permet un retour par un sentier, c’est facile, c’est confort, on est rincés mais on est bien !

Jour 2 : La Bonne Mère, au départ du Port de Callelongue, Les Goudes

La journée précédente ayant été pleine de nouveautés sur les relais -et, soyons complètement honnêtes, tout n’étant pas forcément clair- nous avons profité de la deuxième journée pour clarifier nos doutes… Quand le moniteur a voulu nous montrer comment faire un vrai-bon relai, on l’a assommé de questions. La démo s’est transformée en cours académique puis en grand débat, avant de finir dans la plus grande confusion. On a pris une heure de retard avant même le début de la voie.

Tout comme la journée précédente, on part à trois cordées, mais contrairement à la veille, les relais ne sont pas doublés sur chaque vire. Un instructeur taquin nous dit “J’aime bien demander aux gens: vous, vous aimez l’escalade?”

Au premier relai dans une mini-grotte, équipé par Cyril, le moniteur ne pouvant rien contrôler du bas demande à Caro fraîchement arrivée si le relai est « bien ». D’humeur joueuse, Caro répond que rien ne va et qu’on va se crasher. Au regard des instructeurs, le moment était mal choisi pour faire une blague, oups.

Lorsque le moniteur et Nadège nous rejoignent au relais, nous sommes alors quatre dans cette mini grotte, en bas d’une cheminée. Il fait bon, on est serrés et remplis d’amour. Mais, manque de place oblige, lorsque Sylvain arrive il reste au point précédent et pendouille sagement avec un air ravi.

Caroline repart en tête et rejoint le relais suivant. Là, les choses se compliquent: la vire est déjà occupée par la précédente cordée (l’autre monitrice et les deux instructeurs). A son arrivée, ils se serrent. Quand Cyril arrive, on devient des sardines; mais quand Sylvain arrive, alors vraiment ça ne passe plus. On laisse donc de nouveau Sylvain pendouiller en dessous de notre relais, sur une longue sangle, incapable de faire son relai… et donc d’assurer Nadège, qui reste au relai précédent..

Pendant nos ascensions, Nadège attend patiemment dans la grotte… et commence à manquer de sujets à photographier.

Lorsque notre moniteur arrive au relais, on fait une magouille (trop longue à décrire) pour inverser les rôles des moniteurs dans les cordées et lui permettre de quitter le groupe. Sylvain peut enfin monter au relais. A ce moment, on est 7 sur une vire, avec 100 mètres de vides en dessous… Et Nadège toujours dans sa grotte. Ça fait un bout de temps et on commence tous à sérieusement s’impatienter.

Finalement on repart, très courte traversée sur une vire, très jolie, puis un autre relais, puis encore une longueur et on finit par sortir la voie – et là franchement, tout le monde est bien content. Posés au sommet, on admire la vue.

Pour rentrer maintenant, un rappel d’une belle longueur de 60 mètres, bien vertical, toujours en pleine vue mer. Dis comme ça, ça a l’air simple. Sauf que la monitrice avait pour instruction de nous faire descendre « en complète sécurité ». Pour ce faire, il fallait qu’elle installe tous nos reversos et machards sur la corde, puis qu’elle parte en premier pour vérifier la corde et contre-assurer du bas. 

Elle a donc d’abord installé Cyril puis Caro puis fait un nœud sur la corde. Ensuite, Nadège et Sylvain. Nous étions alors quatre saucisses, entassées dans une goulotte, tenues par nos vaches au-dessus de 60m de vide.
“Et vous, vous aimez l’escalade?” nous demande malicieusement l’instructeur.
A ce stade, la vache de notre monitrice était de facto en dessous de toutes les autres. S’en est donc suivi un petit exercice de “Pourriez vous soulager le relai alors que vous avez tous les pieds dans le vide pour me libérer s’il vous plaît ! » On a fini par descendre… mais on rigolait un peu moins.

Au final, on a mis 7h30 à sortir une voie de quatre longueurs, on était rincés, on a croisé les doigts pour que nos moniteurs aient leur diplôme et que cela ne se reproduise plus jamais. 😊

Jour 3 : La Panthère Rose (Cyril et Caro), The Big Lebowski (Nadège et Sylvain), Calanque de Sormiou

On se demandait à quelle sauce on allait être mangé le troisième jour. Alors quand le CREPS nous a annoncé qu’on partait avec un moniteur par cobaye, on s’est un peu détendus. Retour à Sormiou, face sud du Bec cette fois.

Et c’était effectivement génial ! En ce qui nous concerne (Cyril et Caro), nous avons fait la Panthère rose, superbe voie en 5C max à l’ouest du Bec de Sormiou. Cyril est parti sur la première cordée avec une monitrice et l’instructeur et Caroline dans la cordée suivante avec l’autre monitrice. 

Nous avons pu faire toutes les longueurs en tête, mieux comprendre les manips, apprendre à gérer le tirage et pro-fi-ter ! Les monitrices n’étaient pas examinées ce jour-là et c’était franchement plus détendu. Journée incroyable, merci <3




Pour la team Sylvain et Nadège, c’était The Big Lebowski en 5B max d’où nous avions une belle vue sur Cyril et Caro. Avec un moniteur chacun (Gaëtan et Guillermo pour nous), pas d’instructeur et la possibilité de grimper en tête tout le long, c’était royal. Nous avons travaillé les dégaines extensibles et le tirage, différents types de relais et expérimenté le mouflage. 

Nous avons même eu le temps de pique-niquer! Tout le monde est rentré joyeux et ravi de cette belle dernière journée (sans oublier de s’arrêter pour admirer les sablines, petite fleur étrange qui pousse dans les éboulis).

En conclusion, on retiendra qu’encadrer des cordées en grandes voies ce n’est pas de tout repos. On note également que l’appellation « public-support » veut bien dire cobaye et que cobaye ce n’est pas un métier facile: “Si c’est gratuit, c’est toi le produit”. 

On a appris des nouvelles techniques, conforté et questionné nos habitudes, on en a pris plein la vue; on repart avec de bons souvenirs et un stock de blagues pour au moins un an. Un grand merci au CREPS et à tous nos moniteurs et instructeurs pour votre encadrement, vos conseils et votre bonne humeur pendant ces trois jours, on vous souhaite le meilleur pour la suite!

Caroline Guillet

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