Voyage ASSA du printemps 2024 : Majorque !
Le traditionnel voyage de printemps de l’ASSA s’est déroulé cette année à Majorque. Ce sont 12 courageux aventuriers de tous âges, de tous horizons et avec des niveaux en escalade variés qui se sont lancés à l’aventure pour une semaine bien remplie. On vous raconte cela !
Dimanche :
Après une nuit dans le ferry au départ de Toulon, la bande de grimpeurs arrive en milieu de journée à Alcudia, au nord-est de l’île. Un temps légèrement humide les oblige déjà à changer le programme initial, afin de trouver un endroit un peu abrité afin de se dégourdir les doigts.
Mais il en faut plus pour les décourager ! Heureusement, il y a non loin de la zone de débarquement un petit spot nommé Xon Xanquete dont le léger dévers servira également d’abri contre les éléments. Il n’est pas facile a trouver, mais une fois sur place, quelle vue magnifique pour débuter le séjour: en contrebas de la falaise, un bras de mer se termine par une petite plage et, de l’autre coté, d’autres falaises dont les cimes se perdent dans les nuages. Au pied du mur d’escalade de petits palmiers mettent pleinement les grimpeurs dans l’ambiance des vacances.
L’équipement est un peu rouillé, preuve que le site n’est pas utilisé souvent, et les voies un peu difficiles (5c minimum), mais les quelques heures passées la seront très appréciées par la troupe.
La journée se termine avec l’arrivée dans la maison, que dis-je, le château qui servira de camp de base pour tout le séjour. Situé à Inca, à peu près au centre de Majorque, elle possède 8 chambres, 3 salles de bain, un énorme salon décoré à l’ancienne avec de s tableaux et de la vaisselle accrochée aux murs, une piscine, des arbres fruitiers, et même une chapelle !
Lundi :
Malheureusement pour nos sportifs, la première journée sur place n’est pas propice du tout à la grimpe en falaise. Afin de tout de même profiter de ce début de vacances, 2 groupes sont formés selon les envies de chacun.
Les touristes: le gros de la troupe commence la journée par une visite de la ville de Palma, sa cathédrale, ses ruelles, ses tapas, et, pour ne pas trop s’éloigner du thème du séjour, son magasin de matériel d’escalade. L’après-midi, direction l’autre extrémité de l’île pour visiter la grotte de Drach. C’est noyé dans une foule de touristes que nos amis visiterons une grotte aux dimensions impressionnantes remplie de stalactites et assisterons à un concert de musique classique où les artistes sont sur un bateau qui se balade sur une sorte de lac imposant au plus profond de la caverne.
Les sportifs: la pluie n’est pas un problème lorsque vous êtes déjà dans l’eau. Les plus courageux se sont donc mis en quête d’un site de Deep Water Solo à Port de Soller, vers le nord-ouest. Une fois arrivés sur place, les touristes et locaux emmitouflés dans leurs doudounes ont été médusés de voir notre bande se mettre à l’eau sur un kayak et un paddle. La surprise a fait place au jugement lorsqu’ils réalisent qu’en plus, le paddle est motorisé et avance tout seul. Une fois au pied de la falaise, un seul courageux, Loïc, ose se confronter au rocher et escalade quelques voies au dessus de l’eau.
Mais le résumé de la journée ne serait pas complet sans parler de l’un des protagonistes qui n’a pris part à aucunes des activités mentionnées précédemment. Prétextant d’avoir du travail, Anthony a passé sa journée tranquillement installé dans un bar à siroter des Spritz.
Mardi :
Pour cette journée encore le groupe s’est divisé en 2 afin de faire des activités différentes. Cependant, ils ont pu constater que la météo n’a pas été la même selon la partie de l’île dans laquelle ils se trouvaient. Je vous laisse juger par vous même quel groupe a été le plus malchanceux.
Les plongeurs: départ très matinal pour ce groupe afin de réaliser avant midi 2 plongées en autonomie dans la baie de Pollença, au nord est de Majorque. Au programme, visite d’une grotte sous marine et découverte de la faune et flore locale. Dans les faits, voici ce qu’ils ont vu: de la pluie, une petite grotte, du vent, une arche, de l’eau (froide), des flabellines mauves (un croisement entre une limace des mers et une crevette), des averses, un poulpe, du mauvais temps, des étoiles de mer violettes et pour finir, du crachin. Je ne sais pas si j’ai été assez clair, mais l’ambiance était plutôt humide sur et sous le bateau, et ce malgré le thé chaud proposé par l’équipage. Après un bon repas (chaud !), le groupe fait une tentative de grimpe au spot de la Crevetta mais doit rebrousser chemin car il n’arrive pas à trouver un passage sûr pour s’y rendre.
Les grimpeurs: avec les incertitudes de la météo, ce groupe joue la sécurité et se dirige vers Ca’s Catala, un spot très facile d’accès depuis la banlieue de Palma. Ce lieu sera probablement le moins beau de tout le séjour, mais les voies sont tout de même intéressantes et surtout le groupe ne verra pas une goute d’eau tomber du ciel. La journée se termine par du deep water sur le chemin du retour a Port Pi. Les voies sont un peu difficiles, mais Thomas et Clément arrivent tout de même à sortir une belle 6a qui se termine assez haut au dessus de l’eau. C’est cet épisode qui vaudra au premier son surnom, régulièrement scandé par le reste de la troupe a chacun de ses exploits: Thomachina ! (prononcez: to-ma-ki-na)
Mercredi:
Le beau temps est enfin au rendez-vous pour cette 3ème journée. Plus besoin de se rabattre sur les plans B ou C, le groupe peut désormais pleinement profiter des meilleurs recoins repérés sur les topos.
Les (petits) grimpeurs: on pourrait penser que notre groupe d’aventuriers a traversé l’atlantique pendant la nuit, mais non, il y a bien un spot majorquin nommé Tijuana, tout au sud. Et pas n’importe quel spot, une jolie falaise qui surplombe la mer, accessible en 5 minutes depuis la route principale. Les premiers points sont un peu haut et la perche est utilisée plusieurs fois pour poser les premières dégaines, mais la grimpe est agréable. Pour une raison que je n’explique toujours pas, Eric réussi à perdre une chaussette au milieu de sa voie. Pendant ce temps, Anthony est en grande frome et s’amuse à faire voler ses camarades dans la 6c très aérienne qu’il a sorti en tête.
Les (grands) grimpeurs: Clément et Guillaume profitent de la journée pour se donner à fond. Et cela commence très tôt avec une grande voie dans le 5c-6a le long d’un éperon rocheux à Sa Gubia. Le début est un peu rude et il faut rester concentrer, car il y a plusieurs chemins possibles et l’un d’eux est tout de même côté 7a, un poil au dessus de leur niveau. Plus la voie avance, et plus la vue devient magnifique jusqu’à dominer toute l’île une fois arrivé au sommet. Il semble cependant qu’il y ait un débat entre les 2 compères pour le titre de la plus belle longueur, le choix n’étant pas évident entre la 4ème et la 5ème longueur (sur un total de 7). La fin est également surprenante, il y a un livret d’or accroché à la falaise sur lequel les 2 grimpeurs ne manquent pas d’y laisser un autographe. Enfin, le début du retour n’est pas de tout repos puisqu’il leur faut tout de même s’encorder l’un à l’autre, comme s’ils faisaient de l’alpinisme. On pourrait penser que toutes ces émotions auront suffit à satisfaire le binôme pour la journée, mais détrompez vous, ils leur reste largement assez d’énergie pour traverser l’île et rejoindre l’autre groupe à Tijuana, et même grimper quelques voies avec eux.
Lors de cette journée, il faudra tout de même mentionner le seul et unique accident du séjour. On pourrait penser que l’escalade est un sport dangereux car la vie des grimpeurs ne tient qu’à une corde et une poignée de mousquetons. Et bien détrompez vous, ce n’est pas sur le rocher que leurs vies sont le moins en sécurité, mais bien dans le confort de la villa. Au moment du coucher, alors que les derniers courageux faisaient leur partie quotidienne de Skyjo, le lavabo d’une des salles de bains s’est littéralement effondré sous son propre poids.
Jeudi:
Le groupe part au complet pour une journée sur le spot de Cala Magraner, à l’est de l’île. Il n’est pas des plus facile à rejoindre, car il faut compter environ une heure de route et une demi-heure de marche d’approche. Mais tous ces efforts sont pleinement récompensés par une magnifique falaise le long d’une belle plage de sable fin et d’eau turquoise.
Une petite erreur d’interprétation du topo fait partir plusieurs grimpeurs dans des voies plus difficiles que prévu. Une mention spéciale pour Aurélie et Loic qui pensaient s’échauffer tranquilement dans une voie simplissime et doivent finalement se donner à fond pour sortir une cotation 2 niveaux complets au dessus de ce à quoi ils s’attendaient. Pendant ce temps, Anthony et Julien profitent de ce cadre idyllique pour répéter toutes les manips de grande voie.
Le groupe termine la journée par du psychobloc au rocher Felsloch Sa Roqueta. Enfin, on parle ici surtout de 5 courageux qui se sont lancés depuis la plage de Cela sa Nau sur les kayaks et paddles pour profiter des belles voies à la sortie de la crique. Les moins courageux sont surtout restés sur la plage et ont profité du bar sur la plage. Après tout, il fallait bien être 7 pour surveiller les 2 paddles non gonflés qui étaient restées.
La journée se termine avec un restaurant bien mérité à Inca, la ville à coté de la villa. La carte n’est pas des plus faciles à déchiffrer pour tout le monde, mais il semblerait que tous terminent avec au moins un plat à déguster.
Vendredi:
Un grand débat secoue le groupe pourtant bien soudé au sujet du lieu d’escalade pour cette fin de semaine. C’est finalement la Crevetta qui l’emporte. Situé au nord est, proche du tout premier spot, il fait parti des incontournables de ce voyage.
Afin de satisfaire tout le monde, le départ est décomposé en 2 horaires, les accros à la grimpe visent un départ à 9h, alors que les marmottes ne partiront pas avant 10h. Il va sans dire que les 2 groupes partent avec au moins 30 minutes de retard.
Rejoindre ce spot n’est pas la chose la plus aisée. Rappelez-vous, nos malheureux plongeurs du mardi n’ont pas réussi à le trouver. Mais cette fois, la troupe peut compter sur un atout de taille: le rocher est sec, ce qui permet de s’aventurer plus loin sur le sentier sans craindre de glisser.
Pour rejoindre les voies, il faut se garer à un col plein de touristes qui viennent admirer le point de vue, et partir dans la pampa en suivant des indications très vagues du topo: suivre une vieille conduite (effectivement, elle est vieille), tourner a droite à l’ancien panneau (ce n’est littéralement plus qu’un poteau), descendre à pic après le col (quoi? ça passe ici sans installer de rappel ?), bref, on fait de l’escalade avant même d’avoir commencé l’escalade. Mais finalement, tout le monde arrive bien au bon endroit et la journée d’escalade peut commencer.
Une fois encore; le lieu est magique: d’un coté, il y a la vue sur les falaises sauvages du cap de Fromentor. De l’autre, un aperçu du port de Pollença. Et dés que l’on prend de la hauteur, la vue en devient encore plus belle.
Et c’est la valse des exploits qui commence, et plusieurs personnes termineront avec un nouveau surnom. Thomachina et Antho-dynamo se chauffent et montent jusqu’au 6c. Guigui-sans-soucis, quand à lui, enchaîne à peu près toutes les voies qu’il peut trouver en tête.
La journée se termine à la villa par un superbe barbecue, animé par Eric et Victor. La nourriture n’en finit pas d’arriver et le beau temps de la journée permet même à la troupe de manger sur la terrasse, moyennant une petite laine.
Samedi:
C’est le site qui a perdu le débat de la veille qui est choisi pour ce dernier jour complet de grimpe, Alaro. A vol d’oiseau, il s’agit de l’un des sites les plus proches de la villa. Mais pour s’y rendre, c’est une autre paire de manches. Après 15 minutes de route, il faut ensuite s’aventurer sur un chemin non goudronné, où tout le monde est secoué comme un Orangina pendant 20 bonnes minute, tout en priant pour ne pas croiser d’autres voitures car, clairement, il n’y a pas la place de se croiser. S’en suivent encore 15 minutes de marche pour arriver sur le site convoité.
Dans un style différent des spots précédents, il vaut bien tous ces efforts. Il est situé presque en haut d’une montagne et offre une vue imprenable sur la plaine en contrebas. Au pieds des voies passe un sentier de randonné assez prisé que les assureurs restés doivent partager tout d’abord avec des ânes, qui ravitaillent le refuge quelques dizaines de mètres plus haut, puis avec des randonneurs qui se transforment parfois en paparazzis tellement ils sont surpris de trouver une troupe de femmes et d’hommes araignées pendus à leurs cordes.
Lorsque le groupe souhaite faire une nouvelle voie, il faut bien sur que la première personne la monte en tête, c’est à dire en installant la corde par le bas. Une fois arrivée en haut, elle y trouve un relais, c’est à dire 2 points qui sont, la plupart du temps reliés par une chaîne. Deux options s’offrent alors à elle; habituellement, la personne va faire ce que l’on appelle la manip de haut de voie, c’est à dire installer la corde de manière sécurisée sur le relais afin que les suivants puissent monter en moulinette, c’est à dire avec la corde installée par le haut, ou de récupérer la corde une fois en bas sans laisser de matériel. Mais dans le cas ou elle sait qu’une autre personne va grimper en tête ensuite, elle peut à la place, pour gagner du temps, accrocher la corde avec seulement 2 dégaines tête bêche et laisser le suivant venir les récupérer et faire la manip.
Thomachina, qui est décidément dans un grand jour, réussi à terminer une voie côté 7a, qui sera la seule et unique voie de cette cotation du voyage, en tête comme en moulinette. Et c’est avec un air nonchalant qu’il demande à la petite troupe restée en bas pour admirer la performance: « je fais la manip ou je laisse 2 dégaines ? »
A coté de cette voie, un peu cachée dans un repli du rocher, se trouve une petite grotte à peine assez large pour y laisser passer une personne, mais qui est en fait l’entrée d’une sorte de puits, suffisamment profond pour que l’on ne puisse pas voir le fond depuis le haut. Il n’en fallait pas plus pour réveiller le goût de l’aventure de Guigui-sans-soucis. Sans hésiter, il sort sa lampe frontale, installe un relais sur un arbre et plonge dans la grotte. Pendant ce temps, Eric-le-loustic (nouveau surnom !) prodige des conseils afin de maximiser les chances de revoir le courageux explorateur vivant.
La grotte se révèle finalement être un simple « trou » vertical d’une profondeur de 4 mètres environ sans continuation. Au fond, plusieurs ossements dont un squelette complet rappellent que, finalement, descendre avec une corde, c’est une bonne idée. Heureusement, il s’agit d’un squelette d’agneau. Et ce ne sont pas moins de 5 valeureux explorateurs qui descendront successivement au fond du puits et reviendrons sains et saufs pour raconter ce qu’ils ont vu aux autres.
Dimanche:
Toutes les bonnes choses ont une fin, et il est temps de quitter ce lieu paradisiaque qui laissera tant de bons souvenirs à notre groupe d’aventuriers. Les bagages sont chargés dans les véhicules et un dernier selfie est réalisé avec le drone, avant de rendre les clés au propriétaire.
Mais les vacances ne sont pas encore complètement terminées! En effet, le bateau qui doit ramener tout le monde en France ne partira qu’en fin d’après-midi, il reste encore quelques heures pour une dernière activité. Saurez-vous deviner ce qui a été choisi ?
Bon, la question est un peu trompeuse, car il y a finalement eu 2 équipes: une team plage, à la cool, avec un peu de masque et tuba mais surtout beaucoup de bronzette sur la magnifique plage de Pollença, réputée pour être l’une des plus belle de Majorque.
La seconde équipe, elle, se rend à Puig St Marti. Il s’agit d’un site d’escalade aux voies relativement faciles et avec une superbe vue sur le port d’Alcudia, d’où partira leur ferry quelques heures plus tard.
Pour pimenter un peu cette dernière grimpe, une nouvelle règle est instaurée: chacun devra grimper sa première voie sans regarder la cotation dans le topo. Quelle idée ! Les voies se révèlent toutes pleines de surprises: trop dures, trop courtes voire parfois, même pas sur le topo. Mais tout le monde y arrivera avec succès. L’une des voies s’appelait Alzheimer, mais je ne me rappelle plus pourquoi elle nous a marqué.
Ainsi s’achève cette semaine de voyage et d’escalade, où les sites et les voies étaient tous plus merveilleux les uns que les autres. C’est la tête pleine de souvenirs et de bons moments partagés ensemble que nos intrépides grimpeurs rentrent chez eux.
Pour terminer ce compte rendu, je me dois de laisser le dernier mot à Eric, le plus expérimenté du groupe, afin qu’il partage avec nous sa parole pleine de sagesse:
La banane,
C’est un fruit qui dépanne,
Sans fourchette ni couteau,
C’est le fruit qu’il vous faut !
Et un grand merci à Julien pour ce superbe compte-rendu !